PRÉVENTION versus RÉDUCTION DES RISQUES (RDR)

J’ai bien failli titrer cet article « Le diktat de la plombe ! », ou aussi « CAPOTE contre MÉDOCS ».

Car on voit de plus en plus d’adeptes de la RDR baiser NoKpote et tenter de se convaincre qu’ils baisent « safe ». C’est faux ! Archi-faux. Et ce sont les mêmes qui agressent avec une réelle virulence les militants de la capote, de la vraie Prévention, sur leur choix et parfois leur combat. Tu n’as plus le droit d’exprimer une opinion contraire à la leur…

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Vous connaissez la sérophobie (rejet des séropositifs), et bien aujourd’hui et de toute évidence, nous sommes entrés dans une ère nouvelle de la « sérophobie potentielle inversée » à mesurer l’agressivité des mecs qui sont tombés sous le joug de la RDR envers ceux qui restent fidèles à la capote. Et que ces mecs soient plombés, ou pas ! Ce qui est bien pire que la simple « sérophobie » d’origine.


Pour autant, un mec qui me lâche au 3ème message que « avec moi, pas besoin de capote car je suis sous PrEP » : il dégage direct !!!

Je ne baise pas avec un barebackeur, fusse-t-il réellement sous PrEP. et peu importe qu’il soit ou non plombé (si il l’est, il n’est pas sous PrEP mais sous TASP : beaucoup entretiennent la confusion).

Car baiser sans capote, ça n’a qu’un nom :
barebacker !

Mais voilà, nos charmantes associations dites de « prévention » ont toutes et sans exception sombré dans la seule « réduction des risques », au titre -sans aucun doute- de la facilité, et surtout du constat d’échec de leurs stratégies de communication éculées (à ne vouloir « stigmatiser » personne…).
Sans doute aussi sous la pression des labos qui préfèrent aujourd’hui traiter également les populations en « préventif » (c’est bien meilleur pour leur business), plutôt que de ne traiter que les populations en « curatif » ou en « accompagnement thérapeutique » puisque le terme « curatif » ne peut s’appliquer au HIV.

Quand je parle de stratégies de communication éculées, à vouloir toujours plus ménager la chèvre et le chou : on n’avance pas.
Sans aller jusqu’à stigmatiser une catégorie ou une autre de la population, il faut avoir les couilles de les nommer. Sinon, le message de « prévention » apparait forcément brouillé, et donc parfaitement illisible et inefficace. CQFD.

Mais qu’on ne vienne pas bêtement me taxer de sérophobie : j’ai passé 10 ans de ma vie avec un mec, avec mon mec, qui était séropositif : une capote qui claque alors qu’il n’avait que 18 ans. Il est décédé en avril 2017 d’un cancer fulgurant alors qu’il venait tout juste d’avoir 40 ans.
Quand j’ai posé la question à son oncologue, 5 jours avant son décès, elle a été catégorique : « Vous savez, on ne meurt plus du Sida, on meurt des trithérapies. Le cancer de votre Ami, c’est juste et seulement le résultat de 22 ans de trithérapies. Le corps humain n’est pas fait pour supporter ça. Mais personne ne le dit.».
Donc, pour ce qui est de ma prétendue sérophobie, de mon prétendu sérotriage, ou je ne sais quoi d’autre en matière de non-acceptation ou de rejet de l’autre : vous pourrez repasser. Le cadre est posé. Le seul triage que je fais est un tri anti-cons, un tri anti-irresponsables, un tri anti-menteurs.

Simplement, il faut avoir les couilles de nommer un chat « un chat » !

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Il y a donc aujourd’hui deux volets stratégiques qui s’opposent, et qui ne concernent ni le même public, ni la même cible, ni les mêmes enjeux…

Ces deux volets stratégiques sont la Prévention, versus la Réduction des Risques (RDR).

La prévention a totalement disparu du paysage de la communication associative !
Seul SEXOSAFE s’est cru obligé de ressortir –en catastrophe– un visuel sur les capotes (07/2019 – « Tour de France »), face aux réactions de courroux enregistrées à leurs différents messages maladroits de RDR qui, pris individuellement, incitaient presque ouvertement à se passer de capote.

 

PRÉVENTION

► LA PRÉVENTION s’adresse à un public très majoritairement SÉRONÉGATIF, qui tient à se protéger du risque de transmission des différentes IST, et qui ne veut pas pour autant prendre d’abonnement chez son toubib pour traiter les différentes petites chtouilles, syphilis et autres hépatites… L’unique message de prévention qui prévale est « sortez couvert », oui, vous savez, ce vieux truc qui s’appelle « capote », qui ne coûte presque rien, qui n’est pas si contraignant que ça, et : qui protège de presque tout (bon, je vous le concède, il y a aussi des saloperie qui se choppent avec un simple baiser : hépatite A, syphilis, … qui sont TRÈS contaminantes).
Être séronégatif sans pour autant vouloir prendre un abonnement chez son toubib, ça ne veut pas pour autant dire être « inconscient » ! Cette population peut être sexuellement très active, souvent multipartenaires, et assurer au titre de dépistage préventif un réel suivi volontaire contre les différentes IST. Et c’est à chacun d’ajuster la fréquence de ces dépistages systématiques à son activité sexuelle personnelle, tous les 3, 4 ou 6 mois… et jamais moins d’une fois par an. Le plus important, c’est de connaitre son statut et de se faire régulièrement dépister.

Notez bien que la prévention concerne aussi une fraction de mecs qui, tout en étant séropositifs, sont pleinement conscients et responsables de leur condition, et ne veulent pas faire prendre de risque inconsidéré à leurs différents partenaires, et ne veulent pas prendre de risque pour eux-mêmes ! J’insiste sur les mots « conscients » et « responsables », deux valeurs qui se perdent. Ce sont pourtant les deux piliers de la prévention

 

RÉDUCTION DES RISQUES

► A l’opposé, il y a la « Réduction des Risques » ou RDR.
Le mot important ici, c’est « réduction ». Vous aurez noté qu’on n’emploie pas le mot « élimination », mais juste et seulement réduction. On accepte donc le risque comme une fatalité.
C’est le concept aussi du « relapsing » : on relâche l’attention, on se laisse aller, on abandonne un peu de l’objectif de la prévention et on « tolère » les écarts…
Toutes les associations qui, auparavant, faisaient de la prévention sont insidieusement tombées dans la seule « réduction des risques » au détriment de la prévention vraie.
Il y a 3 éléments à connaitre en matière de Réduction des Risques :

    • La PrEP, ou traitement prophylactique pré exposition. C’est une multithérapie prescrite à des séronégatifs à titre préventif contre le virus HIV et uniquement contre le HIV. C’est une découverte géniale ! Mais compte tenu de sa cible limitée au seul HIV, il convient dans le cadre d’une sexualité multipartenaires de l’employer en complément de la capote, puisqu’elle n’apporte aucune protection contre les autres IST (Infections Sexuellement Transmissibles). Et ce alors même qu’un grand nombre de PrEPeurs se croient totalement exonérés de port de la capote…
      A noter : le suivi du protocole PrEP nécessite un suivi/dépistage trimestriel.
      Mais différentes questions se posent : de nombreux PrEPeurs sont franchement très laxistes en matière de régularité des prises de leur traitement. En pareille situation, il est évident que l’efficacité retombe directement. D’autres PrEPeurs, encore plus nombreux, abandonnent la capote et généralisent le message « Je suis sous PrEP, pas besoin de capote avec moi ». Vu le nombre de charmantes saloperies qui trainent, c’est de l’inconscience… La PrEP n’est certainement pas un permis de barebacker sereinement.
    • Le TASP ou Treatment As Prevention. Là, ce sont les séropositifs sous traitement (multithérapie) qui sont concernés. A efficacité maximale de ce traitement, leur charge virale est « indétectable », et en conséquence, ils ne peuvent transmettre le virus lorsqu’ils baisent sans capote (bareback). Mais comme toujours, les dosages réalisés lors des analyses sanguines sont témoin d’une période PASSÉE et non de la période actuelle et moins encore future… Un arrêt de traitement de quelques jours, ou le saut répété de plusieurs prises, va faire vertigineusement remonter la charge virale, et donc, le risque direct de contamination !
    • Le TPE ou Traitement Post-Exposition. Une capote qui claque (ben oui, ça peut arriver, surtout quand on ne met pas de gel compatible), une prise de risque un soir où tu as un peu trop chargé sur l’alcool ou sur la came… tu sais: le « slam » !
      Désormais, on file sans attendre au service des urgences ou d’infectiologie de l’hôpital le plus proche pour se voir prescrire, après une évaluation du risque pris, une multithérapie de 4 semaines. Pour être parfaitement efficace, il est préférable d’agir dans les 12 à 24 heures maximum qui suivent la prise de risque. Passé 48 heures, le TPE ne pourra plus rien. Ici encore, on ne parle que de la transmission du virus du Sida, et non des IST qui devront faire l’objet complémentairement d’un bilan de dépistage complet à une semaine puis à 3 ou 4 semaines.
On sent bien sur cette affiche que le mot « PRÉSERVATIFS » les fait chier au plus haut point…!!! Et pour le reste, appeler « PRÉVENTION » ce qui relève de la RDR (Réduction des Risques) est strictement irresponsable de la part d’une telle association.

POUR CONCLURE EN 2 MOTS

Comme vous pouvez le mesurer et le constater, appeler « prévention » ce qui relève de la « Réduction des Risques » est une pure hérésie.

A vous de mesurer votre degré de responsabilité, et d’adopter la prévention (capote, gants…) ou bien : de tomber dans la réduction des risques… au risque d’y sombrer.

Mais le SAFE-SEX, ou si vous préférez le SEXE SANS RISQUE : ça passe obligatoirement par la CAPOTE !

 

 

24 et 25/07/2019.